lundi 31 mai 2010

Dilbert

L'une de mes ex-chefs, avant de claquer la porte, m'avait offert ce tapis de souris customisé avec une citation de Dilbert (je cite de mémoire):

"Un employé lambda ne peut faire qu'une seule chose à la fois:
  1. travailler; ou
  2. des présentations powerpoint sur la quantité de travail qu'il faudrait accomplir."
Le Caniche a convoqué tout le monde samedi après-midi (13h-17h) et dimanche (14-21h) pour préparer la présentation de ce lundi. Une des deux grosses légumes prévues ne s'est pas pointées et, comme le projet n'a pas vraiment encore démarré, on n'avait pas grand-chose à dire.

Mais c'était une belle présentation.

Touche pas au grisbi

"Il me semble que c'est au Caniche d'approuver désormais des frais pendant ta mission. De ce que j'en comprends, les dépenses générées pendant celle-ci sont couvertes par le budget régional."
Mon supérieur vient donc de refuser le remboursement de mes frais à Dakar et Saint Pétersbourg. Près de 5000€ d'avions, hotels et nourriture qui restent donc, en l'état, de ma poche.

Pas de problème, il suffit de contacter les RH pour qu'ils changent le nom de la personne habilitée: ce n'est pas un retard d'une semaine qui va me faire paniquer, le débit différé n'a lieu que dans un mois. Mais j'ai quand même intérêt à me magner.

vendredi 28 mai 2010

Rush hour


Arrivés trois heures en avance à l'aéroport de Saint-Petersbourg, je n'étais pas entièrement convaincu que cela fut suffisant pour passer les quatre contrôles de sécurité. La queue s'étend jusque dehors (heureusement qu'on n'est pas venus en janvier!), et au moment où la photo est prise ça fait 30 minutes qu'on attend et on n'a toujours pas passé le premier portail électronique.

Une des nombreuses raisons pour lesquelles j'apprécie assez peu les Russes tient dans ce plaisir pervers à soumettre les gens à des contraintes bureaucratiques inefficaces et souvent redondantes.

jeudi 27 mai 2010

Willy le Huileux

Trois jours que nous sommes à St Petersburg, à manger et bosser. Surtout bosser en fait, vu que la boustifaille (très bonne d'ailleurs) ne concerne que deux heures en fin de journée. Le reste du temps, soit 8h30-18h30, puis 22h-1h30 est passé à présenter, écouter les présentations des autres, et préparer le premier compte-rendu pour les Instances Supérieures.

Nos collègues russes ne sont pas chiens et ont quand même prévu une excursion de 45 minutes hier soir en car avec guide pour admirer la ville. J'ai vu plus avec le taxi qui m'emmenait de l'aéroport, mais bon c'est toujours sympa, tout comme le coucher de soleil à minuit.

Dernier soir, nous sommes cinq à faire l'impasse sur le dernier gueuleton et préparons cartes et stratégies sous la houlette du Caniche. Si je m'étais tenu debout dans la salle à brasser de l'air j'aurais plus eu l'impression de faire quelque chose d'utile, mais soit. A 21h30 on se dit quand même qu'on pourrait manger ou boire un verre pour fêter la fin de la semaine. Ahhh. Coup de bol, j'avais repéré une chouette microbrasserie à deux pas de la Cathédrale de Kazan, elle même à deux pas de notre hotel: étant le seul à baragouiner le communiste, nous voici donc parti. Nous, c'est votre serviteur, le Caniche, Billy Bob l'Américain, Osman le Turc, et Willy le Libanais. Ou plutôt Willy le Huileux: jamais un cheveux qui dépasse, la moumoute toujours gominée à la perfection. Sympa, mais si j'ai besoin de lui demander l'heure je crois que j'irai quand même vérifier ailleurs, à tout hasard.

Arrivée au Tinkoff - une ancienne usine reconvertie en brasserie, décor post-industriel sympa. On n'a pas fait cinq pas que je me dit que j'aime. On n'a pas fait cinq pas que Willy nous assène "il y a une odeur". Quelle odeur? Il ne sait pas. Mais il n'aime pas. Trouvons un autre endroit. Le Caniche, avec son leadership naturel, indique qu'il serait bon, en tant qu'équipe, de trouver un endroit qui plaise à tout le monde. Au revoir le Tinkoff - bonjour le pub anglais juste à côté.

Au menu: burgers et frites, pop anglaise des années 80 en fond sonore. Bonjour l'ambiance locale. Merci Willy.

samedi 22 mai 2010

Premier de la classe

Je m'endors avec le blues, le blues me réveille à 5h du matin. Du coup j'appelle pour souhaiter un bon anniversaire à mon paternel, et ça va un peu mieux.

Et boulot, boulot, boulot à nouveau. Ou plutôt process, process, process comme hier. Deng adore vraiment ce mot, je me demande si c'est un tic. La journée se finit que je dois foncer à l'aéroport prendre mon vol du retour. Et là coup de bol, je retrouve une Polonaise croisée plus tôt dans la journée au bureau: elle bosse aux ressources humaines ET elle est mignonne. Sachant que je n'ai toujours aucune nouvelle de mon contrat et de mes conditions de relocation, je me concentre sur l'option 1.

Bon, première nouvelle, qui n'en est plus vraiment une: en Afrique, une heure dure deux heures. Il ne faut pas être pressé. Ok merci, ça m'aide à fond. Mais encore? Elle m'enverra un mail explicatif à son arrivée, si elle arrive. Et à elle de m'expliquer son mauvais passif avec Air France, qui la dernière fois a mis 3 jours pour la ramener à bon port: avion cassé (une nuit sur le tarmac), deuxième avion pas vaillant (décollage prévu le lendemain mais 4h d'attente aussi sur le tarmac), et connexions ratées à Charles-de-Gaulle. Bad karma.

Embarquement. Fauteuil qui ne marche pas, steward affairé: "Je suis désolé, ils n'ont pas pu le réparer à l'escale, je vous le mettrai manuellement en position allongée après le dîner, pour que vous puissiez dormir." Euh, ok, bon, visiblement le mauvais karma est contagieux. Cinq minutes plus tard, retour du stewart "la classe affaire étant complète, le capitaine a décidé de vous placer directement en First."

Jackpot!

Pour les 99.9% de la population qui se partagent 50% des richesses mondiales, sachez que le principal objectif de la First Class est de faire sentir aux gens vraiment riches qu'ils valent mieux que tous ces businessmen qui doivent encore bosser pour vivre. La First, coco, te fait sentir comme un prince. Quatre pingouins pour servir 8 places. Sauternes 1996 pour accompagner mon foie gras. Et quelqu'un POUR ME FAIRE MON LIT ET ME BORDER quand je veux me coucher. Si la Superfirst existe un jour, le seul truc qu'ils pourront rajouter à mon avis sera d'avoir une des hôtesses (ou steward) pour me tenir chaud. Parce que le jus d'orange pressé au réveil, on l'a déjà. Good karma.

jeudi 20 mai 2010

Spleen

Boulot, boulot, boulot. Ou plutôt process, process, process, qui semble être le mot-clé pour Deng Xiaoping: il a du l'utiliser 20 fois sur la journée, sans être foutu de rester concentré plus de 10 minutes sur le même sujet. Bon, il a une excuse, les mauvaises nouvelles semblant arriver avec une régularité de métronome: contrôle bidon des douanes qui se solde par une menace d'amende monstre ("l'État à besoin d'argent" me dit un Oncle Ben's philosophe), coup de pute d'un concurrent qu'on apprend dans le journal, et je ne sais quoi.

Du coup on finit tard, et je rentre crevé à l'hotel: je décide de me faire plaisir en mangeant au restau du coin, apparemment un des endroits chics de la ville. Las! Le mérou c'est plein d'arêtes, le chanteur massacre Joe Dassin à 3m de mes oreilles, et je suis assis quasiment en face d'un expat qui, la cinquantaine bien sonnée, dîne en companie de sa copine de 25 ans et, euh, sa soeur. Il a sûrement la belle vie, on ne peut pas le blâmer de faire jouer de la loi du marché, mais là j'ai envie de gerber mon mérou.

Retour à l'hôtel, il est dix heures. Je réalise que j'ai oublié d'appeler mon père pour lui souhaiter ses 70 ans, et avec le décalage horaire il est trop tard pour le faire. Il s'en fout probablement, comme je me fous de fêter le mien, mais ça me travaille quand même.

Quelle journée de merde.

L'Equipe

Premier jour de boulot, rencontre avec l'équipe. Il y a Bouledogue, le manager général, visiblement traumatisé par son expérience africaine et déjà, à 8h30 le matin, au bord de la rupture d'anévrisme. Il me gratifie d'emblée de la citation du jour: "Je refuse d'abandonner, et s'il faut demander 800 fois avant d'obtenir que les gens fassent quelque chose, je demanderai 800 fois." Si au bout de 6 mois il est dans cet état, je me demande s'il lui restera des cheveux à la fin de l'année.

Pour ce qui est de mon équipe à proprement parler, on dirait que j'ai de la chance: d'abord Deng Xiaoping, que j'étais censé remplacer et qui finalement va rester là à temps partiel, sans pouvoir voyager (pour cause de cervicales en poussière): monstre culture générale, flegmatique, semble dire ce qu'il pense. Oncle Ben's, jeune et sympa, formé à la Sorbonne, encore plus cultivé que son chef; et Gloria Gaynor, qui pour sa part semble conjuguer le QI d'un citron à la rapidité d'action d'une éponge morte. Bon, toutes les équipes ont leur maillon faible, hein.

mercredi 19 mai 2010

Bizness is bizness

Ah, y'a pas à dire, mais quand on est fils de prolos comme moi - et fier de l'être-, la business class c'est quand même assez jouissif. Quand 3 jours avant on était encore à s'entasser dans la classe éco d'un Iliouchine pourri au-dessus de l'Asie, c'est encore mieux.

Or doncques, j'ai décidé que j'aime Air France. Bonne bouffe, picole à volonté, hôtesses qu'au premier abord on dirait passées de fraîcheur mais qui, de fait, on toutes un petit quelque chose à la Catherine Deneuve en elles. Et ah, oui, j'ai toute une rangée de fauteuils pour moi (il faut croire que le mercredi est un jour creux), et donc une Catherine Deneuve pour moi tout seul. Le luxe.

Vol sans encombres, films sans relief. Arrivée à Dakar en début de soirée. Première suprise: les maisons vont jusqu'au pied des pistes. Deuxième surprise: aucun goudron, nulle part (à part sur la piste). J'ai pourtant vu un paquet de pays pourris dans ma courte vie, mais je sens que celui-là va rapidement se placer dans le peloton de tête.

On m'attend à l'atterrissage, avec le petit panneau "M.de Galaup" qui va bien. Les douanes? Ah! C'est pour les pauvres! Mon guide me fait passer sur le côté d'un des postes de contrôle, tend négligemment mon passeport au douanier, qui tamponne dans la seconde. De l'autre côté de sa vitre, les touristes patientent patiemment.

Mon guide s'avère n'être qu'un facilitateur pour, justement, ces formalités administratives. Mon chauffeur m'attend à la sortie de l'aéroport:

-"Monsieur de Galaup?
- Lui même! Vous êtes mon chauffeur?
- Oui monsieur. Je m'appelle Mamadou."

Putain, sans blague. Le premier Africain avec qui je parle s'appelle Mamadou.

Ok.

lundi 17 mai 2010

Home sweet home

Je reviens de vacances. Home sweet home! Et mon blackberry qui clignote de bonheur: 89 emails en attente!

Un seul vraiment intéressant, de la part du Caniche:
"J'espère que tes vacances se passent bien. Ici, tout se déroule comme prévu avec ta mission. Le manager local est content que tu viennes donner un coup de main.

La seule chose est qu'il a suggéré que tu descendes les voir pour un ou deux jours dès ton retour. Je pense que c'est une bonne idée."

Je pense aussi que c'est une bonne idée: j'adore voler en classe affaires.