vendredi 30 juillet 2010

Votre argent m'intéresse

J'ai ouvert un compte auprès de la BICIS, filiale de BNP Paribas, pour la modique somme de 10'000 CFA par mois. 15€ mensuels je trouve que c'est cher, plus cher qu'à la maison, mais apparemment c'est le prix à payer pour avoir une carte.

La première surprise est qu'au moment de la signature les 10'000 CFA sont devenus 11'000. Mon argent fait déjà des petits, mais à l'envers on dirait.

La deuxième surprise, quand je me connecte pour connaître l'état de mon compte et savoir si mes frais ont été virés (ce qui n'est évidemment pas le cas), c'est que leur service de e-banking a la sobriété d'une page web que j'aurais pu moi-même créer circa 1996.

La troisième surprise, c'est que mon compte affiche un découvert de 67'264 CFA.

Sachant que je n'ai ni chéquier ni carte, que je n'ai pas mis les pieds à la banque depuis le jour de la signature du contrat d'adhésion vers le 10 juillet dernier, j'en conclus que les frais de tenue de compte ont été appliqués (-11'000 CFA, donc), et que ledit compte étant vide on m'a immédiatement infligé des agios punitifs à hauteur de 500% par mois.

Moralité: on ne prête qu'aux riches. Les pauvres remboursent difficilement, et pour cause.

mercredi 28 juillet 2010

Millionaire!

Ca s'est passé tellement vite que je me demande encore pourquoi ça a pris autant de temps: on m'a remboursé mes frais! Plutôt que de continuer à attendre, j'ai fait l'addition des dépenses faites avant le 1er juillet et ai envoyé le formulaire à mon chef en Europe. Pour les frais post-1er juillet, c'est Deng XiaoPing qui a accepté de signé.

Résultat: je viens de vérifier mes comptes, et 7'000€ ont été crédités là-bas; ici (roulement de tambour), c'est trois millions de CFA qui sont apparus! Je n'ai pas encore réussi à compter combien ça faisait, mais ça fait son effet.

Je crois que je vais encadrer le relevé quand je le recevrai. C'est pas tous les jours qu'on est millionaire.

mardi 27 juillet 2010

Un homme, un vote.

Nouveau confcall pour "discuter de nos priorités". Quelqu'un -j'ignore qui, je n'écoutais qu'à moitié- a eu l'idée géniale que pour savoir quoi faire dans quels pays lors des 3 prochains mois, il nous fallait une matrice de priorités. Moi j'appelle ça un tableau Excel, mais c'est pas grave.

En gros on sélectionne un certain nombre de paramètres auquel on donne un poids de 1 à 10, on mélange et à la sortie on sait... je sais pas ce qu'on sait mais en tout cas on a un classement.

Il semble que 25% de la note doive être attribué à la taille de la population. La Chine, en clair, pèse plus que le Luxembourg. Willy le huileux argue que cela devrait être encore plus marqué, que la masse devrait compter 30, voire 35%.

En ce qui concerne l'Afrique, ma priorité est de savoir qui je connais qui est frère ou cousin d'un ministre, et ça s'arrête là. Parce que sans le précieux sésame de la recommandation, je n'ai aucune idée de la manière dont je pourrais aborder quelqu'un, même si j'ai une belle carte de visite et une plus belle cravate encore. Même si les gars sont un milliard, le seul et unique moyen de passer le barrage ou de sortir du lot est d'avoir serré la seule bonne main.

Un collègue d'Asie, visiblement sur la même longueur d'onde, signale que si les 50 personnes à qui on a envoyé la matrice estiment chacune de leur côté la valeur d'un paramètre sur une échelle aussi large que de un à dix, on risque d'obtenir un bel éventail de réponses. Dès lors, ça ne serait pas une mauvaise idée de profiter d'un prochain meeting de brainstorming voulu par le Caniche fin août pour accorder nos violons.

Réponse du Caniche: "le brainstorming n'apportera pas de solution".

Certes. Moi, de toute façon, le brainstorming il m'apporte surtout un billet gratuit pour la maison.

lundi 26 juillet 2010

Pénurie

Rentré de week-end hier: pas d'eau.

Réveillé ce matin: pas d'électricité.

A part ça tout va bien.

samedi 24 juillet 2010

Design

J'apprends qu'HR dispose d'un département Design fonctionnel. Il s'agit de 8 personnes chargées d'améliorer le fonctionnement du machin, faisant en sorte que les réunions soient plus efficaces et les interactions entre différents groupes plus productives. Vu les grades, je dirais qu'on parle d'une masse salariale de 700'000 € par an.

D'après les personnes qui m'en ont parlé (et qui ont eu affaire à eux), le seul changement à date est que leur meeting du lundi a été déplacé au mardi.

mercredi 21 juillet 2010

Le Balajo

Le Balajo, je connaissais parce que c'était pendant la Coupe du Monde le repère des Espagnols de Dakar. On y diffusait des matches sur grand écran, la déco est sympa mais minimal, il y a des ventilos (le coin est semi-ouvert mais pas étouffant pour deux sous), et la bière n'était pas chère. C'est tant mieux, sauf que je n'aime pas le football, et que j'étais de toute façon pour les Allemands.

Par contre le Balajo, figurez-vous, sert de temps à autre un thiéboudiène à sa façon.

Le goût y est, il n'y a pas à chipoter, et certainement pas pour 3'500 CFA (boisson incluse). C'est bon, bon, bon comme un vrai bon thiéboudiène. Le seul regret, qui est naturel quand c'est aussi bon, c'est que les portions étaient peut-être construites de manière inégale: plein de riz, du poisson comme il faut mais sans plus, et vraiment pas assez de légumes. Je me souviens clairement de la carotte, mais pour le manioc ou l'aubergine, c'est un peu plus confus. Sans être un maniaque de la vitamine, c'est un peu dommage. Ca ne m'empêchera pas d'y retourner à l'occasion, pour m'extraire d'une crise de manque.

Le Balajo
Av. Cheick Anta Diop (juste après la station OilLibya)
Point E - Dakar
Tél: 77 801 44 83 / 33 864 11 13
Ouvert de 11h à minuit, 7/7

lundi 19 juillet 2010

Quand on veut les meilleurs...

L'Oncle Ben's revient d'une réunion de l'UEMOA (la zone CFA), où il est allé serrer quelques paluches et se tenir au courant des réunions à venir et décisions en préparation. Je n'ai pas souvenir que l'UEMOA ait jamais pris de décision importante, mais étant encore un objet douanier plus que politique, on ne va pas leur faire de procès d'intention, ce n'est pas mon genre.

Au fil des discussions avec ses potes haut-fonctionnaire, il est apparu qu'un commissaire touche dix millions (10'000'000 ) de CFA par mois. Soit, à la louche, 15'000 euros. Il est par ailleurs logé et véhiculé à l'oeil, ce qui à Ouaga ne doit pas coûter très cher. Là où ça devient intéressant, c'est que si le fonfon doit prendre l'avion et que la correspondance est supérieure à une (1) heure, un per diem de 500'000 CFA tombe pour couvrir les frais de taxi et de nourriture. J'ai déjeuné à midi pour 8'000 CFA (entrée - plat - dessert), et c'était loin d'être prolétarien.

Bref, tout ça pour dire que les cadres de l'UEMOA, étrangement, freinent des quatre fers pour la mise en place d'une union UEMOA-ECOWAS (cette dernière couvrant plutôt les pays anglophones de la région). Comme on dit, on sait ce qu'on va perdre, on ne sait pas ce qu'on va trouver.

vendredi 16 juillet 2010

Air Brainstorm

"L'Afrique," m'a dit une fois Deng Xiaoping, "est la seule région où avant de faire un déplacement tu dois brainstormer pendant une heure pour savoir quand et où partir afin d'optimiser ton temps".

Nous sommes en train de planifier une virée au Liberia, erratiquement connecté au réseau aérien mondial, dirait-on. Monrovia est à moins de 1200 kms de Dakar, soit à peu de choses près la distance Paris-Rome.

"- Deng Xiaoping, si nous partons dans la nuit de samedi à dimanche à 0h55, on atterrit à 5h55 à Accra. Redécollage à 13h10 et arrivée sur Monrovia vers 15h10. Pas d'avion de retour avant mercredi. Qu'en dis-tu?"

- J'en dis que c'est raisonnable."

Si le chef le dit, c'est que ça l'est.

jeudi 15 juillet 2010

A quoi servent les conférences téléphoniques?

A quoi servent les conférences téléphoniques? Sur la base de celle que l'on a eu aujourd'hui, je dirais qu'il s'agit pour l'organisateur de s'écouter penser.

C'est en tout cas la conclusion pour celle d'aujourd'hui. Le Caniche en convoque une à 15h10 pour 15h30 (comme si on n'avait rien d'autre à foutre) afin de revoir la présentation qui sera faite demain en vidéoconférence à quelque grosse légume.

Evidemment nous sommes aujourd'hui par téléphone, évidemment le son est détestable.

Les premières 70 minutes de conversation sont monopolisées par les gens du QG qui révisent leur partie de la présentation, dont nous n'avons pas de copie et dont, honnêtement, nous n'avons à faire tellement il s'agit de généralité benêtes (car en fin de compte les mecs sur le terrain, c'est nous et pas eux). Après cela viennent 8 à 10 minutes max pour relire et discuter notre section, puis viennent 30 minutes pour deux autres pingouins eux mêmes coincés sur leurs téléphones respectifs. Les changements pour notre partie sont minimes, voire insignifiants.

Mais on aura perdu deux heures pour en être sûrs.

mardi 13 juillet 2010

Ils sont partout

Je traine devant le Méridien ou quelque ministre participe à quelque réunion/colloque/exercice de masturbation pour intellectuels.

Je sais qu'il y a un gros ministre parce qu'il y a une grosse berline noire. Et qu'elle ne porte pas de plaques d'immatriculation. Par contre en me rapprochant je remarque un truc bizarre.

La marque de la berline est écrite en chinois.

J'avais déjà remarqué quelques timides CherryQQ dans la rue, voire des Tata et même une marque iranienne. Il y a plusieurs pays africains dont les villes ont succombé au "charme" des zem, des motos elles aussi chinoises de 125cc et vendues pour un dérisoire 350'000 CFA (500 €). On me dit que s'il n'y en n'a pas au Sénégal, c'est essentiellement parce que le Sénégalais est un peu frimeur et ne veut pas apparaître sur un deux-roues qui fait pauvre (comme quoi tout est possible). En tout cas, la où la zem passe, les Yamahas et autre Kawasakis ne repoussent pas.

Je commence à me dire qu'en Europe on n'a encore rien vu.

dimanche 11 juillet 2010

Un bon dimanche

"Bonjour. Vous n'avez rien à déclarer? Même pas un petit cadeau pour nous?". J'avoue que la question étant posée avec le sourire d'un air aussi détaché, sur le coup je n'ai pas réagi. J'ai fini par sourire et j'ai répondu qu'il aurait fallu me prévenir à l'avance, j'aurais amené un petit souvenir.

Le douanier me demandait donc un bakchiche.

Au retour c'était un peu plus évident: arrivés au niveau du scanner, qui se trouve dans une sorte d'antichambre de la salle d'embarquement, le planton de service a d'abord laissé sortir mes collègues avant de me demander avec insistance, mais toujours avec le sourire, si je n'avais pas quelque chose "pour passer un bon dimanche". J'ai souris, j'ai dit que je lui souhaitais "un vraiment très bon dimanche", et j'ai tendu la main pour récupérer mon passeport. J'avoue que c'était un peu surréel, tout en douceur mais plein d'implications lourdes.

J'ai décidé de tenir un compte, dans mes interactions avec les forces de l'ordre, de celles incluant une demande de "bon dimanche". Pour l'instant, on en est a six passages sans histoire pour deux "bons dimanches".

J'ai rencontré un gars qui tenait un compte des fois où il refusait de payer, par opposition au nombre de fois où il devait aller s'en expliquer au poste. C'était au Turkménistan. Après 18 mois sur place, il en était à 58 - 2.

samedi 10 juillet 2010

Sang-froid

Vous ouvrez les yeux. Vous vous trouvez en équilibre sur un filin d'acier, 30m de vide de chaque côté et des pieux aiguisés qui vous attendent en bas. C'est un peu l'impression que j'ai eue dès le début de ce meeting avec un sous-ministre libérien.

Le bonhomme est arrivé en jean's. Ok pourquoi pas, il faut être moderne et en ce qui me concerne je ne suis qu'à moitié confortable dans mon costume. Deng Xiaoping a même sorti la cravate.

D'emblée le gars nous dit ce qu'on veut entendre. Pas une critique, pas une déviation. C'est louche. Puis tout d'un coup, après nous avoir expliqué d'où il venait et qu'incidemment c'était le même village que je ne sais quels parlementaires importants, il nous sort "Évidemment, de nos jours, tout coûte de l'argent."

Silence, je garde ma meilleure tête de joueur de poker. J'avais pourtant été agréablement surpris par le pays qui, hormis pour les blindés des Nations Unies omniprésents, n'a pas vraiment l'air de se relever d'une guerre civile. Le sol est riche, on sent le potentiel. Mais bon.

Deng Xiaoping reste lui aussi très calme et dit simplement "Vous permettez que j'aie un mot rapide avec notre conseiller?". Les deux s'éloignent, on entend quelques éclats de voix de Deng. Tous ceux qui sont restés luttent pour avoir une conversation normale. On parle études, enfants, on meuble comme on peut.

Deng revient, et indique nonchalemment qu'il avait pensé opportun de briefer notre conseil (qui avait organisé le meeting) "sur le fait que nous avons certaines valeurs". Tout le monde comprend qu'il n'y aura pas de deal et, bizarrement, l'ambiance se détend (ou peut-être est-ce juste moi qui recommence à respirer).

Le meeting prend fin cinq minutes plus tard. Oncle Ben's me glisse qu'il n'est pas surpris, et qu'il a trouvé le mec moins direct que d'autres qu'il a rencontrés, notamment au Cameroun.

Mouais, demie consolation. Toujours est-il qu'on peut rayer ce pays de nos objectifs pour un temps.

vendredi 9 juillet 2010

Habib

Habib est né il y a près de 70 ans dans un port de commerce d'une lointaine côte. A 18 ans, il quitte de nuit la maison familiale, à l'insu de sa maman nous précise-t-il, et s'embarque pour Dubaï ou un autre port, encore plus grand. Destination finale: l'Afrique, où il arrive seul. Avec ses trois économies, il ouvre une épicerie.

Cinquante ans plus tard, Habib est un homme riche, avec plus de 400 employés, dont 70 sont des membres de sa famille qu'il a fait venir au fur et à mesure que le business s'agrandissait. Il possède quatre supermarchés, plusieurs boutiques spécialisées dans le vin, l'électronique ou je ne sais quoi. Est l'importateur exclusif de plusieurs grandes marques occidentales, ainsi que de pratiquement tous les alcools vendus dans le pays (+ de 1000 références!, me dit-il). Il s'est d'ailleurs découvert un faible pour le kir royal.

Une photo d'Habib avec feu le Président trône dans son bureau. Un quartier de sa ville d'adoption s'appelle aujourd'hui, tout simplement, "Habib". "Un bel exemple d'intégration", comme le dit Deng Xiaoping.

Ca n'est pas faux.

mercredi 7 juillet 2010

Ca, c'est fait

Bon, je me suis tapé la Polonaise des ressources humaines hier soir. Comme quoi tout n'est pas mauvais dans ce service.

dimanche 4 juillet 2010

Air Gambia

Nous avons rendez-vous demain avec notre contact à Banjul, capitale de la Gambie voisine. 179 kms qu'il est plus convenable de faire en avion (35') qu'en voiture (5 heures au bas mot), nous dit on.

Sauf que le vol de 16h est repoussé, repoussé, repoussé. Je zone un peu à l'aéroport, je zone un peu avec la famille de l'Oncle Bens qui du coup est passée le récupérer. Son neveu est déjà une émeute à lui tout seul à cinq ans, on est tout de suite super potes.

On se pose à l'hotel un peu avant 3h du matin. M'est avis que plus de dix heures pour faire 179 kms en avion, c'est un nouveau genre de record pour cette catégorie.

samedi 3 juillet 2010

Keur Ndeye

Ca fait longtemps que je n'ai pas mangé de thieb', c'est samedi, et après une bonne matinée de surf, j'ai faim. C'est l'occasion idéale pour sauter dans la voiture et foncer en ville essayer Keur Ndeye ("Chez Ndeye", littéralement), recommandé dans mon Lonely Planet pour sa bonne sélection de plats sénégalais et, notamment, un copieux thiéboudiène. On m'aurait motivé à moins que cela.

J'embarque la Polonaise (dont le projet semble avancer à reculons et qui s'est fixé comme objectif de trouver un truc positif que ses collègues auront fait avant son départ) et nous arrivons dans ce petit restaurant qui, visiblement, n'a pas changé sa décoration depuis que le rédacteur du LP est passé en 1998 (il s'agit d'une vieille édition récupérée d'un ami). Bon en fait je suis rat, il n'y a quasiment pas de décoration. Mais le restaurant est assez rempli, ce qui à 15h un samedi me parait plutôt bon signe.

La carte n'est pas immense mais propose une bonne sélection, le thiéboudiène est disponible à 4500 CFA. Aussitôt repéré, aussitôt commandé. Service sympa sans plus, mais rapide.

La portion est effectivement copieuse, mais de ma faible expérience de la chose j'attends encore de me voir servir un petit thiéboudiène. Le poisson est bon, les légumes aussi, mais le riz est bizarrement al dente et donc un peu croquant. Ca gâche l'impression d'ensemble, je ne suis pas très fan. Je ne sais pas si je vais commencer à mettre en place une échelle de notation, mais à celui-ci je donne un 6/10 assez déçu.

Le problème des guides et de leurs recommandations, c'est qu'ils créent forcément des attentes (voire pire, des lauriers sur lesquelles les propriétaires se reposent).

Keur Ndeye
68 Rue Vincens
Dakar
Tél.: 33 821 4973
Ouvert de 12h à 23h, 7j/7