jeudi 2 décembre 2010

Gérontocratie

Je viens de finir un très bon bouquin intitulé Géopolitique de l'Afrique (Ph.Hugon, éd. Armand Colin, 2010), où l'on parle de (non-)développement et notamment de ce que l'auteur appelle une économie de rente. En clair, les entreprises d'État (et surtout l'État) sont là pour engraisser ceux qui en détiennent les commandes, pas pour prospérer et participer à l'accumulation collective de richesses. Ce qui fait qu'on a des gens très bien placés mais pas forcément compétents à la tête de nombreux services, et qui sont pour le surplus franchement inamovibles.

On a eu l'occasion de rencontrer un tel individu en Afrique centrale. Installé par Papa, il a su rester aux commandes de son pré carré lorsque le Fiston (qu'il a surement un jour tenu sur ses genoux) a pris les rênes. Bien connecté, il doit avoir dans les 80 ans passés (ce qui, dans la région, n'est pas donné à grand monde et mérite un certain respect). 

Nous sommes donc allés voir ce monsieur parce que, justement, il était au sommet, a priori connecté, et pouvait du coup peut-être faire avancer la Cause en nous présentant à la bonne personne. Pas de problème nous dit-il en substance, il connaît bien Deng Xiaoping et peut volontiers arranger cela pour lui. Ca sera réglé sous huit jours!

On repart tous contents, en promettant d'appeler la semaine suivante. Ce que l'on fait. Et là, réponse énorme du vieux crouton: "Pourquoi vous m'appelez à l'improviste? Ca fait des années que personne de chez vous n'est venu me rendre visite - comment va Deng Xiaoping?"

Du coup, on a préféré laisser tomber.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah bon... Parce qu'ailleurs dans le vaste Monde des toubabs, les entreprises ont vocation à participer à l'accumulation collective de richesses ??

Jean François de Galaup a dit…

Dans la mesure où elles versent le salaire de leurs employés et investissent un minimum (machines, équipement, formations), oui.

Je parle ici des monopoles d'État, pas de hedge funds.