samedi 10 juillet 2010

Sang-froid

Vous ouvrez les yeux. Vous vous trouvez en équilibre sur un filin d'acier, 30m de vide de chaque côté et des pieux aiguisés qui vous attendent en bas. C'est un peu l'impression que j'ai eue dès le début de ce meeting avec un sous-ministre libérien.

Le bonhomme est arrivé en jean's. Ok pourquoi pas, il faut être moderne et en ce qui me concerne je ne suis qu'à moitié confortable dans mon costume. Deng Xiaoping a même sorti la cravate.

D'emblée le gars nous dit ce qu'on veut entendre. Pas une critique, pas une déviation. C'est louche. Puis tout d'un coup, après nous avoir expliqué d'où il venait et qu'incidemment c'était le même village que je ne sais quels parlementaires importants, il nous sort "Évidemment, de nos jours, tout coûte de l'argent."

Silence, je garde ma meilleure tête de joueur de poker. J'avais pourtant été agréablement surpris par le pays qui, hormis pour les blindés des Nations Unies omniprésents, n'a pas vraiment l'air de se relever d'une guerre civile. Le sol est riche, on sent le potentiel. Mais bon.

Deng Xiaoping reste lui aussi très calme et dit simplement "Vous permettez que j'aie un mot rapide avec notre conseiller?". Les deux s'éloignent, on entend quelques éclats de voix de Deng. Tous ceux qui sont restés luttent pour avoir une conversation normale. On parle études, enfants, on meuble comme on peut.

Deng revient, et indique nonchalemment qu'il avait pensé opportun de briefer notre conseil (qui avait organisé le meeting) "sur le fait que nous avons certaines valeurs". Tout le monde comprend qu'il n'y aura pas de deal et, bizarrement, l'ambiance se détend (ou peut-être est-ce juste moi qui recommence à respirer).

Le meeting prend fin cinq minutes plus tard. Oncle Ben's me glisse qu'il n'est pas surpris, et qu'il a trouvé le mec moins direct que d'autres qu'il a rencontrés, notamment au Cameroun.

Mouais, demie consolation. Toujours est-il qu'on peut rayer ce pays de nos objectifs pour un temps.

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