lundi 4 octobre 2010

L'Afrique

Ah, l'Afrique. Ses grands espaces, ses enfants souriants, ses femmes lascives et offertes, ses hommes musclés, avec le sens du rythme et du football. Et puis ses lions, zèbres et zébus. L'Afrique, en tout cas si je regarde la déco du salon de quelques personnes que j'ai connues, est un idéal romantique. Exploitée et vampirisée par le Blanc voire, depuis peu, le Chinois, il suffirait qu'on La libère de ses chaînes pour que L'Afrique prenne son envol. On ne compte d'ailleurs pas les chansons ou slogans qui rêvent d'Afrique - à commencer chez les Africains.

Foutaises.

L'UEMOA, l'Union des États francophones ouest-africains, doit sous peu intégrer la CEDEAO, communauté qui regroupe toute la sous-région (francophones et anglophones, + les portugants de Bissau et du Cap-Vert). On tient donc des réunions de travail très sérieuses pour harmoniser institutions et directives, taux de taxation et je ne sais quoi.

Les Libériens et Sierra Leonais, qui sortent de leurs guerres civiles respectives, ont besoin d'argent et imposent un tarif douanier à l'intérieur d'une zone de libre-échange. Les Nigérians sont d'accord avec toutes les propositions, du moment qu'il s'agit de leurs propositions. La plupart des réunions de travail finissent par être suspendues parce qu'elles tournent au concours de noms d'oiseaux entre francophones et anglophones, entre tout le monde et les Nigérians.

Les exemples se comptent par centaines, qu'il s'agisse des francs CFA d'Afrique de l'Ouest qui ne sont pas convertibles en CFA d'Afrique centrale, des présidents qui financent la rébellion du voisin ou, plus près de la population, du vote ethnique qui fait qu'on repousse sans cesse les élections en Côte d'Ivoire ou en Guinée: un Malinké ne votera pas pour un Peulh, point barre.

J'ai lu un excellent bouquin de Ryszard Kapuściński intitulé Ébène: il y explique que la colonisation a trouvé 10'000 royaumes et les a regroupés en 53 pays en moins de 150 ans. Vouloir ajouter une nouvelle couche d'unité, c'est aller un peu vite en besogne.

Un consultant avec qui je discutais a été beaucoup plus direct: si quelqu'un parle de l'Afrique au singulier, comme d'une seule entité, c'est probablement qu'il n'y a jamais vraiment foutu les pieds.

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