samedi 30 octobre 2010

Déphasé

J'embarque dans l'avion, je suis en nage. Il est 22h50, la température extérieure est de 29°C. Cinq heures plus tard, et c'est trois petits degrés qui nous attendent à Paris. L'air est vif, après une nuit aussi courte et malgré la différence, c'est assez agréable.

Un court transit et me voici à la maison. Bizarrement, tout me paraît étrangement décalé. Les rues sont propres et lisses - pas de sable, de nids de poules ni d'ordures. Les trois panneaux publicitaires que je croise sur mon chemin présentent la nouvelle saison du théatre et de deux musées - à Dakar, ce serait plutôt des cubes de bouillon, du lait en poudre et une campagne pour la scolarisation des talibés, les enfants mendiants.

Je vais au supermarché en bas de chez moi faire quelques courses et, dans les allées serrées et débordant de marques dont je ne reconnais plus les emballages multicolores, je me perds.

Un Roumain mendie en grelottant dans la bise. Il est assis, ne bouge pas et ne regarde pas les gens (qui de toute façon l'ignorent) dans les yeux. Il ne dit rien. Quand je pense aux petits talibés dakarois qui se baladent en groupes de 3 ou 4, âgés d'autant d'années, avec leur boite de tomates en guise de sébille, je me dis qu'il est étonnamment discret.

C'est l'automne. Les rues sont pleines de gens qui flânent de magasin en magasin. Les arbres virent à l'orange, les filles ont sorti leur habits sombres, leurs cheveux sont longs et blonds, elles sont jolies bien qu'un peu grasses. Je croise un noir, un seul. J'en croiserai un autre le lendemain.

Les rues ont des noms plutôt que des numéros, mais il faut un code pour rentrer dans mon immeuble. Les bus arrivent toutes les 7 minutes exactement. Les voitures s'arrêtent aux feux, aux passages cloutés (il y a des feux! des passages cloutés!). Tout paraît incroyablement codifié, normalisé.

Une amie vient dîner ce soir. Je lui prépare un poulet yassa.

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