jeudi 21 octobre 2010

Les mecs d'en face

Les mecs d'en face, par définition, sont tous ceux qui ne sont pas de notre côté. Ca fait du monde. Il y a des mecs d'en face dont on a appris à se méfier, d'autres qu'on ignore, d'autres encore avec qui on doit bien travailler, parce que sinon on se sent un peu seuls.

Un des mecs d'en face est françafricain, j'en ai déjà parlé. D'autres sont anglais, et jusqu'à présent j'en avais une plutôt bonne image: bien élevés, propre sur eux, plutôt sur la même longueur d'onde concernant divers sujets d'actualité. Des gentlemen.

Et puis la semaine dernière, au détour d'une conversation, ces mecs d'en face-là se sont rendus compte qu'on n'arrosait personne. La stupéfaction était réciproque, vu qu'on pensait que eux non plus. Ils nous ont demandé comment on faisait. On leur a dit qu'on galérait. Ils nous ont demandé si on n'avait même pas au moins un petit budget parfums (les billets pour la Coupe du Monde on n'en parle même pas). Quand là encore on a dit non, ils ont conclu que s'ils devaient appliquer nos critères (on déclare et justifie toutes nos dépenses, rien n'est à discrétion), ils seraient bon pour la prison.

Je commence à me demander si nous ne sommes pas les seuls à Dakar à ne pas faire dans le discrétionnaire. Vu le nombre d'emmerdes qu'on a, c'est crédible.

Le problème, en fait, c'est que quand l'arrosage est généralisé, il se transforme en attente. Et celui qui ne participe pas, du coup, fait du sur-place. Sur le long terme on y gagne en bonne réputation et bonne volonté - tout le monde n'est pas corrompu, mais tout le monde sait qui l'est. Sur le court et moyen terme par contre, ce n'est ni plus ni moins que de la pollution: on ne peut faire confiance à personne avec qui on discute, et quand il s'agit d'aborder une discussion technique, sachant que la solution est ailleurs, on a parfois l'impression désagréable de pisser dans un violon.

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