mercredi 30 juin 2010

Le Françafricain

Il est né au Sénégal, y a passé toute sa vie. Il est ami avec des hauts-fonctionnaires, et achète les autres. Il est français. Il est françafricain, comme je pensais qu'ils avaient disparus avec les années 80.
Nous avons rendez-vous avec lui. Deng xiaoping est un peu nerveux. Apparemment il y a une longue histoire de coups de pute entre eux, mais l'ami Deng est de ceux qui pensent qu'il faut être proche de ses amis, et plus proche encore de ses ennemis. Il appelle donc son Françafricain de temps à autre pour savoir ce qui se passe dans les gouvernments de la région.
- Comment il fait pour avoir toutes ces infos? demande-je naïvement.
- Il est ami avec la moitié des présidences, sans compter les gars qu'il arrose en-dessous: pas forcément de l'argent, mais il paie la voiture, les vacances, ou les études des enfants.
- Et il n'y a pas moyen de le prendre la main dans le sac? Le faire expulser? (je sais que je suis vraiment naïf, mais il faut quand même demander)
Deng Xiaoping se marre.
- Mais s'il veut c'est lui qui me ferait expulser!

Bon.

La rencontre a lieu, apparemment ça bouge un peu au Mali. Le Françafricain nous tend un texte de loi "le dernier qu'il a reçu". Le document est un vieux fax daté d'il y a trois mois, alors que Deng et moi savons qu'une nouvelle mouture est sortie il y a deux semaines et que notre Françafricain y était il y a trois jours.

Échange de bons procédés, on l'informe d'un projet de loi bizarre apparu ailleurs. "Je vois le souci", dit-il en se frottant le pouce et l'index. Et puis il est parti jouer au golf avec un ministre.

Quand au projet de loi malien, il nous faudra un mois avant de nous rendre compte qu'il avait en plus édité certaines portions du texte pour en modifier le sens.

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